
La rédaction, qu’importe le contexte, doit tendre au beau. Elle doit répondre aux codes de l’Art rédactionnel en général et se conformer aux règles d’un article du web. Oui, rédiger, même pour le web, est avant tout un Art. C’est pourquoi, déjà en 1674, Nicolas Boileau avait pris son temps pour publier L’Art poétique. Un traité littéraire, bien pensé, qui, aujourd’hui encore, continue d’influencer des personnes soucieuses de tisser des mots et textes respectueux de l’Art poétique. Mais alors, comment produire un bon article de rédaction web ? Voyons les conseils et recommandations de Nicolas Boileau.
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser
Un tableau n’est Art que parce qu’il respecte les codes en la matière. De même, un article de rédaction web n’est tel que parce qu’il respecte les règles fixées à cet effet. Comment donc peindre selon les codes si l’on ignore les codes ?
Il est indispensable pour le rédacteur web de savoir ce que l’on attend de lui. Celui-ci doit d’assurer d’avoir lu et compris le brief qui lui a été soumis. Alors, il pourra exécuter son Art selon le client.

Apprendre à penser selon Boileau, c’est réfléchir en amont sur ce que l’on rédigera. Le titre, ou H1, fourni par le client, doit être compris sans équivoque. Si le client a donné une explication du sujet, il est impératif au rédacteur de s’y tenir. Dans le cas contraire, le rédacteur doit faire des recherches et lire les articles déjà publiés sur le web afin de se faire une idée de ce qu’on attend de lui. Alors, il pourra établir un plan unique pour la rédaction de son texte.
Si votre compréhension du sujet est obscure, votre rédaction sera lente, parce que vous doutez et êtes hésitant. Dans ce cas, un rejet de la part du client est à craindre. Votre compréhension est-elle pure ? Vous aurez de la suite dans vos idées. La phrase suivante s’établirait dans votre esprit, avant même d’achever celle en cours.
C’est pourquoi Boileau dit « Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
On retient de cette citation que les travaux de pré-rédaction sont importants. Ils permettent au rédacteur de voir les grandes lignes de son Art avant de se lancer dans son exécution. Celui-ci doit :
- chercher à comprendre son titre ;
- voir ce qu’en ont dit les précédents auteurs ;
- s’en inspirer pour établir son plan ;
- réfléchir sur ce qu’il doit dire dans chaque partie de son plan.
Dès lors, le travail est déjà fait à moitié.
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Pendant la rédaction : les règles à suivre
Puisque le sujet est désormais clair à l’esprit du rédacteur, celui-ci peut commencer à lui donner forme. Mais une chose est de dessiner quelque chose et une autre chose est de dessiner quelque chose qui répond à un courant de penser.
Plus simplement, un château construit selon l’architecture Gothique n’est pas le même qu’un château construit selon l’architecture Baroque ou celle selon la Renaissance.
Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime
« Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime. »
Peu importe le genre de texte qu’il rédige, le rédacteur doit faire preuve de bon sens de la première à la dernière phrase. Autrement dit, le ton du départ doit être maintenu. Il n’est pas question de faire des mélanges. La phrase suivante (ou le paragraphe suivant) doit raisonnablement trouver sa place par rapport à la précédente (ou au précédent). Si rien ne lie deux phrases (ou paragraphes) qui se suivent, le sens du paragraphe ou du H2 est déjà cassé.

De plus, les temps de conjugaisondoivent être raisonnablement liés. À cet effet, il est indispensable pour le rédacteur de maitriser la concordance des temps. En rédaction web, le présent de l’indicatif est le plus recommandé. S’y tenir fait produire un texte lisible et agréable à lire. Au contraire, passer du présent au futur, de l’imparfait au passé composé, donne à lire un texte lourd de sens et dissonant.
« Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix », dit-il.
Pour montrer au lecteur la raison qui existe entre deux phrases ou paragraphes qui se suivent, il peut être judicieux pour le rédacteur d’utiliser des connecteurs logiques.
Ne vous chargez point d’un détail inutile
Selon le sujet que l’on traite, il peut être tentant d’entrer dans les détails. Attention, toutefois. Il faut s’en tenir au nombre de mots et à l’intérêt que les détails peuvent apporter au lecteur.
Pour Boileau, tout détail qui n’apporte rien de plus au lecteur doit être supprimé. Les détails peuvent être utiles lorsque le paragraphe ou le texte prend une forme de guide ou de tuto. Même dans ce cas, certains détails peuvent nuire. En plus de ces derniers, nous pouvons associer les détails qui suivent les expressions : c’est-à-dire, plus simplement, autrement dit, etc. À cet effet, les conseils de Nicolas Boileau sont clairs :
« Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant. »
Sans cesse, en écrivant variez vos mots
La répétition retient l’attention et fait perdre le sens du texte. Pour éviter ces situations, le maitre du Classicisme invite à varier les mots et le discours. Il est par exemple déconseillé de répéter un même mot dans deux phrases qui se suivent. Aussi, évitez de commencer des sentences qui se suivent par un même mot.
Pour vous rendre la tâche facile, préférez les procédés de reprises d’informations. Par exemple :
- Les robots de Google veillent à l’indexation de tous les sites du web.
- Ils s’assurent que chacun d’entre ces sites est accessible.
- C’est la seule tâche que Google a confiée à ces programmes informatiques.
Dans cet exemple, « les robots » est remplacé dans la phrase 2 par le pronom personnel (ils) et dans la phrase 3 par le groupe nominal (ces procédés informatiques).

En outre, il doit en être de même des voix. Un texte plein de phrases à la voix passive est considéré comme non qualitatif.
« Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !
Son livre, aimé du ciel, et chéri des lecteurs.», conseille Boileau.
Soyez simple avec art, sublime sans orgueil, agréable sans fard
La rédaction web est peut-être de la littérature, mais faire de la littérature n’est pas l’objectif numéro 1 des articles du web. Le but, c’est avant tout d’informer. Sauf si le texte est destiné à un site littéraire, le rédacteur ne doit pas être obsédé par l’envie d’employer des mots soutenus, des expressions hors d’usage ou inusitées. D’ailleurs, ce n’est pas cela la littérature.
Un peu comme la vraie littérature, la rédaction web consiste à utiliser les mots de tous les jours d’une manière belle et cohérente pour apporter l’information aux lecteurs.
Ainsi, il est judicieux de dire (Profiter des bienfaits du Doliprane) plutôt que de dire (Jouir des bienfaits de Doliprane). Cependant, si vous voulez glisser quelques mots et belles expressions dans votre texte, assurez-vous de l’utiliser au bon endroit et de la bonne manière. Sinon, vous risquez de créer une phrase confuse ou vous attirer les quolibets du client et des lecteurs. Il s’agit là de la raison pour laquelle Boileau affirme :
« Surtout, qu’en vos écrits, la langue révérée,
Dans vos plus grands excès, vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d’un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux. »
N’offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire
Les internautes sont connus pour être paresseux lorsqu’il s’agit de lire sur internet. Alors, pour vous assurer que l’internaute sera satisfait de la raison pour laquelle il a cliqué sur votre article, vous devez aller droit au but. Évitez les longues phrases introductives et les anecdotes redondantes.

« Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre ;
Et, de vos vains discours prompt, à se détacher. »
D’après cette citation, lorsque l’essentiel de l’article n’est pas vu au bout de quelques phrases, le lecteur se fatigue et n’a qu’une seule envie : quitter la page. Pour éviter cette situation pénalisante, optez pour la technique de la pyramide inversée. Elle consiste à partir de l’information la plus importante pour aller aux moins importants.
À la fin de la rédaction proprement dite : que faire ?
Peu importe la fatigue ou la longueur de votre texte, vous devez le relire entièrement et posément une deuxième ou troisième fois. Ce n’est qu’après que vous pouvez le passer dans un correcteur automatique.
Afin de mieux voir les fautes et erreurs de syntaxe, vous pouvez observer une pause de 5 minutes entre la fin de la rédaction et la relecture. Ainsi, vous remettez votre RAM à zéro. Ceci vous évite de voir l’enfant est de retour alors que c’est l’enfant est retour que comporte votre texte. Cette courte pause vous permet de mieux voir les omissions de mots : chose courante en rédaction web.

En outre, vous voulez éviter les remarques déplacées ou les rejets de la part du client et des lecteurs ? Boileau recommande d’être pour soi-même un sévère critique ou de se faire lui par des amis prompts à critiquer sans artifices.
« Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.
L’ignorance toujours est prête à s’admirer.
Faites-vous des amis prompts à vous censurer ; »
Après tout ceci, il est clair que vous devez avoir un texte propre, selon les règles de l’art rédactionnel et les consignes du client.
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